Boum badaboum ?
Le 11 juillet 2007 j’avais commis un article intitulé « Crash ou clash ? » consacré au début de la crise des subprimes dans lequel je décortiquais les mécanismes de la crise à venir tout en indiquant qu’une crise de très grande ampleur n’était pas exclure. Je constate malheureusement que je ne m’étais guère trompé. A ce jour le risque d’une récession aux Etats-Unis n’est pas à exclure. Au contraire, cela apparaît même comme le plus probable. Ce risque récessif proviendrait d’une compression très importante du crédit accordé aux entreprises et aux ménages américains. Or, il se trouve que le consommateur américain est le consommateur en dernier ressort de la production mondiale ? Du coup, un tassement spectaculaire de la consommation aux Etats-Unis provoquerait une réaction en chaîne sur l’ensemble de l’économie mondiale. Celles et ceux qui pensent que la Chine et l’Inde pourraient prendre le relais d’une demande intérieure américaine défaillante se trompent lourdement. Leur illusion provient de ce qu’ils ne regardent que les taux de croissance de ces pays sans mesurer le volume de la consommation. En effet la consommation est estimée aux environs de 9 500 milliards de dollars aux Etats-Unis contre 1 000 milliards en Chine et 650 milliards en Inde. En conséquence de quoi, une récession aux Etats-Unis risquerait de provoquer une récession mondiale. La même illusion est entretenue en Europe, notamment par une Banque Centrale Européenne obnubilée par la seule lutte contre l’inflation. Décidemment il est temps de tirer les leçons de la crise et de remettre en cause le libre échange mondial effréné. De même qu’il est temps de reposer la question de l’encadrement vigoureux de la distribution de crédit et de remettre en cause la prééminence du financement de l’économie par les marchés financiers. Enfin il est plus que temps de reposer la question de la création d’un véritable gouvernement économique de la zone euro quitte à en passer par un bras de fer avec une BCE dépassée par les événements et accrochée, telle la vérole sur le bas clergé, à la défense d’une orthodoxie monétaire économiquement périlleuse et socialement ravageuse.