Tout commence maintenant !

Publié le par cherki

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Avec 56% François Hollande est devenu de manière incontestable le candidat des socialistes, notre candidat, pour la prochaine élection présidentielle. Ce résultat ample n’est pas surprenant si on le rapporte à l’avance confortable dont il disposait à l’issue du 1er tour conjuguée au désistement des autres candidats qui en avaient été éliminés et dont le potentiel cumulé avoisinait les 70%. Cette victoire confortable lui donne une légitimité nécessaire pour aborder la bataille la plus importante, la vraie, celle de la confrontation avec la droite. Dans cette bataille il pourra compter sur le rassemblement de tous les socialistes et il lui appartient maintenant de les rassembler quelque qu’ait été leur choix. Martine Aubry redevient 1ère Secrétaire du PS en signe de responsabilité et pour contribuer, elle aussi, à ce rassemblement. Le plus difficile commence maintenant. Convaincre les françaises et les français que nos pouvons incarner une alternative ne sera pas chose facile. Non pas que la droite soit forte et que l’idéologie libérale ait le vent en poupe mais en raison des déceptions que la gauche, et plus particulièrement nous les socialistes, avons suscité ces dernières années. Parce que nous avons accompagné depuis des années la dérive libérale de la construction européenne, ainsi que  l’avait révélé la campagne en faveur du Oui au Traité Constitutionnel Européen en 2005 et la ratification par une majorité de parlementaires socialistes de la ratification du Traité de Lisbonne. Parce que nous avons tergiversé sur la question des retraites. Parce que nos avons donné le sentiment de considérer la question de la réduction des déficits publics comme l’alpha et l’oméga de notre politique économique publique sans voir que la question principale était d’abord et avant tout celle de la relance de la croissance. Parce que nous avons donné le sentiment d’avoir tiré un trait sur notre industrie qui ne représente plus qu’un peu moins de 10% de notre PIB contre 30% en Allemagne, pour se concentrer exclusivement sur une hypothétique « économie de la connaissance » issue de la non moins fumeuse « Stratégie de Lisbonne » portée par une Commission Européenne depuis longtemps acquise aux solutions libérales. Dans un pays où le chômage réel approche les 15%, où le sentiment de déclassement atteint massivement les classes populaires et les classes moyennes, où l’affaiblissement de la capacité de l’Etat et de ses services publics à réduire les inégalités fait douter de la pertinence de la promesse républicaine, l’heure ne peut être aux habiletés et aux faux-fuyants pour la gauche. La lourde défaite des travaillistes anglais en héritage d’un blairisme déconfit, la faillite de la gauche espagnole réduite à faire voter sa « règle d’or » au parlement, la déroute de la social-démocratie grecque réduite à faire passer contre la volonté de son peuple la vente à la découpe de leur économie et de leurs droits sociaux en application d’un plan d’ajustement structurel sans précédent depuis les purges imposées dans les années 80 et 90 aux peuples d’Amérique du Sud, tous ces exemples européens sont là pour nous rappeler l’impossibilité de se tenir à équidistance des injonctions libérales et de la volonté populaire. C’est pourquoi le plus dur commence pour les socialistes français habitués depuis plus de 25 ans à plus justifier leurs renoncements au nom des « grands équilibres » et de la « contrainte extérieure » qu’à essayer de faire bouger les lignes. Pour autant nous ne manquons pas d’atouts. Le premier d’entre eux, le plus important, réside dans la disponibilité de notre peuple. N’oublions pas qu’en 2005, une majorité de françaises et de français, dont une majorité d’électrices et d’électeurs socialistes avaient voté Non au TCE. Le deuxième atout provient du début de reformulation de notre orientation intervenue depuis le dernier congrès du PS en 2008. Sous la pression de la gauche du PS, les socialistes ont intégré dans leur projet tous les outils nécessaires pour tourner la page et en écrire une nouvelle. Ces outils ont pour nom : remise en cause du libre-échange par la promotion du « juste échange », protection de notre industrie en France et en Europe, réappropriation du levier de la finance par un nouveau contrôle bancaire fondé sur la séparation des activités de dépôt et d’investissement et la constitution d’un pôle financier public, instauration d’une taxation des transactions financières, une réforme fiscale mettant à contribution le capital au même niveau que le travail tout en supprimant les niches fiscales et en modulant l’impôt sur les sociétés, une volonté d’éviter les licenciements boursiers, réarmement politique et budgétaire de l’Europe de manière à freiner le spéculation, d’absorber le choc de l’endettement et développer des coopérations nouvelles en matière d’infrastructures et d’énergie notamment. Le troisième atout et non le moindre pourrait être la volonté collective des socialistes de porter ces orientations nouvelles à partir du moment où notre candidat à l’élection présidentielle déciderait de les faires siennes. C’est dire si la responsabilité qui pèse sur les épaules de François Hollande est immense. « L’action, ce sont les hommes au milieu des circonstances » disait de Gaulle. Les circonstances sont là, il reste aux hommes à les rencontrer et au premier d’entre nous désormais, François Hollande, notre candidat.

Publié dans Action militante

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