Le 9 octobre je vote utile, le 9 octobre, je vote Aubry !

Publié le par cherki

Ne nous laissons pas intoxiquer par l’air du temps des sondages qui annoncent une victoire de François Hollande dans la primaire socialiste. Tout d’abord parce que les sondages, dans cette élection atypique, ne peuvent rien mesurer avec fiabilité. Les échantillons testés sont trop restreints. L’argument des sondages a autant de valeur qu’une anticipation autoréalisatrice des marchés boursiers. Cela influe parce que les acteurs concernés, par contagion, se mettent à raisonner comme ils estiment que leur voisin raisonnerait sans que cela ait une quelconque base solide. C’est pourquoi je pense que la prétendue dynamique des sondages est trompeuse. Certes, comme en 2006, elle peut influer une partie des votants qui, de bonne foi, chercheront le 9 octobre prochain à voter « utile ». Pour autant, on ne sent aucun enthousiasme derrière la candidature de François Hollande alors que la candidature de Ségolène Royal était portée à l’époque par une  vague d’espoir. D’ailleurs, si la principale force de la candidature Hollande est de tenter de se présenter comme « rassurante », force est de constater qu’elle risque d’apparaître comme « creuse », sans aspérités, et dans la continuité des synthèses molles qui ont conduit les socialistes dans les sérieuses déboires des années précédentes. L’illusion de la candidature Hollande vient de ce qu’elle est en fait portée depuis le début par ce « cercle de la raison » qui part du centre gauche pour aller vers le centre droit et qui souhaite, en définitive, que rien ne change si ce n’est aux marges. De ce point de vue, le soutien appuyé d’un Jean-Pierre Jouyet, ancien ministre de Nicolas Sarkozy et actuel président de l’autorité des marchés financiers, à la candidature de François Hollande raisonne comme un aveu cinglant. Or, paradoxalement, la candidature Hollande est la plus en contradiction avec l’autre aspiration fondamentale de l’électorat de gauche, celle de gagner, certes, mais pour commencer à changer l’ordre des choses. De ce point de vue la candidature de Manuel Valls apparaît comme la démarche de François Hollande poussée jusqu’au bout.

Martine Aubry n’est pas à l’aise avec les médias, elle n’a ni l’habilité de François Hollande, ni la flamboyance d’Arnaud Montebourg. Et pourtant, elle correspond mieux à la volonté profonde de la majorité de l’électorat de gauche qui souhaite que les socialistes renouent avec leurs valeurs fondamentales et sachent rouvrir une perspective de progrès en rompant avec la culture gestionnaire et technocratique de ces 20 dernières années. Martine Aubry est en outre celle qui sera le mieux rassembler les différentes composantes de la gauche sans lesquelles il n’y pas de victoire possible. C’est un point sur lequel on n’a pas assez insisté jusqu’à présent mais qui pourtant m’apparaît comme fondamental. Contrairement à ce que certains experts en élections affirment et qui d’ailleurs se sont toujours trompés, l’élection présidentielle de 2012 ne se jouera pas au centre mais sur la capacité de chaque camp à se mettre en dynamique. Dire cela n’enlève rien au mérite de la candidature d’Arnaud Montebourg. Je reconnais honnêtement qu’il fait une excellente campagne en ayant parfaitement mis l’accent sur le principal enjeu de cette élection : le rapport à la mondialisation caractérisé par un libre échange généralisé et une financiarisation prédatrice de l’économie réelle d’où découlent toutes les autres questions : réindustrialisation, défense de notre modèle social, augmentation des salaires, bataille pour l’emploi, souveraineté européenne et populaire. Pour autant, le vote Montebourg pose un problème majeur en ce qu’il risque d’affaiblir le vote Aubry car il mord sur le même électorat sans pour autant élargir substantiellement les marges. Car, si Arnaud Montebourg a réussi à attirer des électeurs qui sans cela ne seraient pas allés voter, il risque néanmoins d’en détourner beaucoup plus du vote Aubry et de ce fait de faire le jeu de la candidature Hollande. Aussi, voter Montebourg revient à voter Hollande par procuration. C’est pourquoi et aussi paradoxal que cela puisse paraître à certains, le vote vraiment utile de gauche et à gauche, c’est le vote Aubry. C’est pourquoi, je voterai sans hésitation le 9 octobre pour Martine Aubry.

Publié dans Action militante

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