Des vertus d'un débat à hauts risques !
Le débat entre Ségolène Royal et Bayrou a finalement eu une double vertu. La première c’est de montrer à tous ceux qui en doutaient encore que Bayrou est vraiment un homme de droite. Certes une droite moins autoritaire et plus sympathique que la droite de Sarkozy, mais de droite quand même. C’est pourquoi je considère toujours que Monsieur Bayrou est un imposteur. D’ailleurs en disant cela je ne faisais que reprendre les excellentes caractérisations de Julien Dray, porte-parole de mon parti, dans le numéro 441 de l’Hebdo des socialistes du 21 mars 2007. Julien Dray disait à juste titre : " Avec François Bayrou c’est toujours pareil. Ce qu’il dit semble d’abord frappé au coin du bon sens. Et dès que l’on gratte un peu, c’est une immense arnaque " C’est pourquoi je pensais qu’il fallait éviter toute danse du centre devant Bayrou qui ne manquerait pas d’apparaître à l’électorat comme une contorsion opportuniste où nous avions plus à perdre qu’à gagner. C’est pourquoi je me réjouis que Ségolène Royal ait tenu bon sur son orientation malgré les coups de boutoir de Bayrou qui a constamment essayé de la tirer vers la droite en lui demandant d’abandonner ses positions en matière économique et sociale. Bayrou a montré son vrai visage sur la question des retraites. Il a commencé par asséner qu’il serait impossible de revenir sur la loi Fillon et devant l’insistance de Ségolène Royal à maintenir sa position de la remettre à plat il a eu ensuite le culot d’affirmer qu’elle n’allait pas assez loin dans la revalorisation des petites retraites n’hésitant même pas à exhiber de manière indécente l’exemple de sa propre mère. Finalement Bayrou trouvait Ségolène Royal trop à gauche et après avoir réfléchi, trop à droite. Une immense arnaque ! Maintenant que la page de ce " débat " est tourné, il nous reste à nous adresser directement à ses électeurs en leur demandant de prolonger leur combat antisarkozy du premier tour en utilisant au second tour le bulletin de vote Ségolène Royal. La deuxième vertu de ce débat est de mettre un terme aux offres de service gouvernementales à l’UDF. Cela avait semé un trouble considérable dans les rangs de la gauche. Comment, alors que nous avions affirmé à juste titre que Bayrou était de droite pouvions-nous tout d’un coup aller jusqu’à envisager l’éventualité d’en faire un Premier Ministre ? Persister dans cette voie était suicidaire. Où aurait été la pertinence du mariage d’une gauche devenue honteuse d’elle-même et d’un conservatisme à visage humain ? En annonçant qu’elle ne sollicitait aucun ralliement, Ségolène Royal a clos cet intermède qui nous a paralysés toute cette première semaine de campagne de second tour. Nous avons maintenant une semaine pour repartir à la bataille. Nous pouvons encore gagner, rien n’est perdu. Nous le devons aux françaises et aux français pour qui une victoire de Nicolas Sarkozy représenterait cinq nouvelles longues années de régressions sociale et démocratique. Après le 6 mai, il sera temps de refonder la gauche, de refaire travailler ensemble toutes les composantes de la gauche en créant, comme le propose Henri Emmanuelli, un grand parti progressiste, antilibéral et réformiste. Ce sera alors à Monsieur Bayrou de dire dans quel camp il entend se placer, celui du progrès ou celui du conservatisme. S’il veut rester sur les rives du centre introuvable, on l’y laissera bien volontiers. En attendant, votons et faisons massivement voter Ségolène Royal le 6 mai prochain !