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Publié le par cherki

L’incompréhension monte dans l’Education Nationale. La politique menée par le gouvernement suscite de multiples inquiétudes légitimes. Les réductions massives de postes, 11 200 rien que pour cette année, entraîne un profond mécontentement. A Paris ce sont plus de 200 postes qui ont été supprimés dans les lycées et les collèges affectant le plus souvent les établissements de l’Est parisien où se concentrent la majorité des catégories populaires et des ZEP. Ce sont autant de classes supprimées entraînant une surcharge des autres classes. Ce sont autant d’options supprimées qui diminuent l’offre pédagogique de ces établissements. On racle l’os, voici ce que je ne cesse d’entendre de la part d’enseignants et d’élèves exaspérés. Cette exaspération se traduit par une mobilisation sans cesse croissante des collégiens, des lycéens et de leurs enseignants dont le gouvernement serait bien avisé de tenir compte. Le gouvernement doit comprendre qu’il fait fausse route. Il n’y a aucune honte à corriger ses erreurs, il doit revenir sur les suppressions de postes. Voici ce que j’ai relayé comme message lors d’une conférence de presse tenue au Lycée Paul Valery en compagnie de plusieurs députés socialistes parisiens en écho à la mobilisation qui s’amplifie.

On ne peut pas faire de l’Education Nationale la variable d’ajustement d’une politique d’austérité budgétaire, il s’agit d’abord et avant tout de l’avenir de nos enfants.

 

De même, Xavier Darcos doit entendre et comprendre qu’il fait fausse route avec sa réforme des programmes scolaires de l’école primaire. Bien évidemment aucun programme n’est intangible. Les programmes sont fait pour évoluer, encore faut-il le faire pour de bonnes et non pour de mauvaises raisons. Les derniers programmes datent de 2002. Ils semblaient recevoir un large accord de la communauté scolaire à tel point qu’en 2004, Xavier Darcos, alors Ministre délégué à l’Enseignement scolaire, décidait de cosigner une préface élogieuse d’un ouvrage les publiant. Et, voici que subitement il conviendrait de les refondre entièrement ? Quelle mouche a donc piqué le Ministre de l’Education nationale ? D’autant plus qu’aucune évaluation de ces très récents programmes n’est intervenue ! Que cache une telle précipitation ? De ce seul point de vue, la méthode choisie n’est pas convenable. Les derniers programmes avaient fait l’objet d’une élaboration transparente confiée à une commission qui avait travaillé pendant 18 mois. Les nouveaux programmes ont été élaborés dans la plus grande discrétion, pour ne pas dire le plus grand secret. Le Conseil national des Programmes a été supprimé et personne n’est en mesure de déterminer aujourd’hui quelles sont les personnes qui ont présidé à leur élaboration. Ces programmes ont fait l’objet d’une première publication pour consultation au BO du 28 février 2008. Une seule demi-journée de discussion a été accordée aux enseignants, le 29 mars dernier, sommés, en toute urgence de faire leurs remarques sur des programmes qu’ils découvraient à peine, les synthèses ministérielles devant être effectuées le 5 avril. Ce n’est pas sérieux, or, il s’agit d’un sujet extrêmement sérieux.

Voici pour la méthode, examinons maintenant le fond de cette réforme. Je ne prétends pas maîtriser les débats extrêmement complexes relatifs à la pédagogie. Je laisserai donc cette question à plus qualifié que moi, même si nombre de critiques pédagogiques formulées à l’encontre de ces nouveaux programmes ne me semblent pas dénués de sens commun. En revanche comme tout un chacun je ne peux que constater le gouffre abyssal qui sépare les objectifs affichés des résultats effectivement atteints. Ces nouveaux programmes sont motivés par la volonté de recentrer l’enseignement sur les fondamentaux et plus précisément sur l’enseignement du français et des mathématiques. Mais, en même temps que le Ministre claironne cet objectif il concocte des programmes qui auront l’effet inverse. En effet, il réduit de deux heures le temps d’enseignement pour le porter de 26 à 24 heures hebdomadaires, tout en ajoutant une heure supplémentaire d’EPS et en introduisant deux nouvelles matières au programme, l’histoire de l’art et l’éducation au développement durable. Comprenne qui pourra ! Ceci ne peut qu’aboutir dans les faits qu’à consacrer moins de temps à l’enseignement du français et des mathématiques, but exactement inverse à celui officiellement poursuivi. D’autant plus que ces programmes sont alourdis avec de vraies incongruités comme l’enseignement de la division dés la fin du CE1 alors que traditionnellement elle était apprise en CM1. Cette affaire de la division n’est pas anecdotique, elle concentre, au contraire, toutes les contradictions de cette réforme. La division est l’opération la plus complexe à maîtriser puisqu’elle constitue la synthèse des trois autres opérations. C’est pourquoi, elle n’était enseignée qu’à partir du CM1, une fois les autres opérations acquises.

 

Des lors comment ne pas se demander si en fait cette réforme des programmes ne cache pas un but inavoué, celui de préparer une réduction drastique des effectifs enseignants dans le primaire. En effet, supprimer absurdement deux heures d’enseignement à l’école primaire permettra dans un second temps de diminuer d’autant le nombre d’enseignants.

 

Je ne cesse de rencontrer des instituteurs et des professeurs des écoles stupéfaits par cette réforme, tant par sa méthode d’élaboration que par son contenu. Là encore je pense que le gouvernement serait bien avisé de revoir sa copie. Si Xavier Darcos estime qu’une réforme des programmes est nécessaire alors il doit prendre le temps d’une véritable consultation et d’une véritable concertation de la communauté scolaire. Une concertation et une consultation qui soient réellement publiques et transparentes. C’est la seule méthode qui soit de nature à rétablir la confiance entre le gouvernement, les enseignants et les parents. Le rôle d’un ministre est de conforter l’institution scolaire dans ses missions, pour la faire évoluer, et non de chercher systématiquement à la déstabiliser.

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