Beau comme une corrida !
Cette Coupe du Monde a quelque chose de magique en ce sens que les matchs se suivent et ne se ressemblent pas. Alors qu’en 8ème et quart de finale nous avions vu une Allemagne flamboyante et une Espagne poussive, hier les rôles furent inversés. L’Espagne fût éblouissante de maîtrise collective et de maturité technique et l’Allemagne ressemblait à un boxeur acculé dans son coin et sonné de trop de coups reçus. A n’en pas douter l’Espagne est la plus grande équipe actuelle de football. Pourtant, depuis le début de cette Coupe du Monde elle laissait planer de nombreuses incertitudes sur son niveau. Elle semblait fatiguée à l’instar de ses joueurs issus principalement des rangs du Barça et du Real qui venaient de livrer une saison marathon pour la conquête d’un titre jusqu’au bout indécis de champion d’Espagne. Ce n’était que pour mieux tromper son monde. La force des grandes équipes est de répondre présentes au bon moment. Ce ne sont pas souvent les équipes les plus fringantes de début de compétition qui terminent sur la première marche du podium. Hier l’Espagne a répondu présente. Les espagnols ont fait ce qu’ils savent mieux faire en ce moment, priver l’adversaire du ballon. Cela paraît simple mais cela ne l’est pas. Pour y parvenir il faut une grande discipline collective, une abnégation au service d’un groupe et une maîtrise de soi que les joueurs espagnols possèdent à la perfection. Il faut aussi une grande habitude jouer ensemble qui permet d’établir des automatismes de jeu. Le propre des grandes équipes est d’imposer un style de jeu, une marque de fabrique dont on se souviendra des années après. Ce fût le cas de la Hongrie de 1954, du Brésil de 1958 et 1970, de la Hollande de 1974, de l’Allemagne de 1974 et de 1976. Souvent derrière ces grandes sélections nationales européennes il y a un ou plusieurs clubs. Ce fût le cas de l’Ajax et du Bayern de Munich dans les années 70. C’est aujourd’hui le cas du Barça. Les grands créateurs tels Cruyff et Platini affirmaient souvent que le ballon ira toujours plus vite que le joueur. C’est armée de cette vérité simple que l’Espagne a construit son système de jeu calqué grandement sur celui de Barcelone. C’est ce système de jeu qui permet à une équipe composée de joueurs parfois de petite taille de damer le pion aux colosses plein de muscle et de vie que sont les jeunes et talentueux joueurs qui composent l’Equipe d’Allemagne. Une équipe d’Allemagne qui eût le tort de se recroqueviller devant ses buts en escomptant forcer le verrou espagnol dans les dix dernières minutes. En jouant ainsi les allemands sous-estimèrent la force des espagnols qui avaient décidé d’élever leur niveau de jeu à la hauteur de l’événement. Hier on a assisté à un remake de la finale de l’Euro de 2008. L’Espagne a littéralement asphyxié l’Allemagne. C’était beau comme une corrida et la succession de passes espagnoles ressemblait à une succession de Véroniques et de passes de muleta. Hier le toréador espagnol a dominé le taureau allemand et le but de Puyol ressemblait étrangement à une estocade. Oui, hier c’était beau comme une corrida.