Lectures de vacances !

Publié le par cherki

Août = vacances = repos du blog. Un ultime texte avant le far niente. Deux conseils de lecture de vacances pour celles et ceux qui n'ont pas déjà emmené leur livres.

HAUT LE CŒUR de Jun Takami, éditions Philippe Picquier

 

 

 

Ce livre raconte l’histoire d’un jeune japonais pris dans la tourmente des années 30. Le héros mi-marginal, mi-anarchiste est porté par des aspirations confuses et contradictoires. Il veut à la fois transformer radicalement la société étouffante dans laquelle il évolue mais est farouchement anticommuniste. Membre informel d’un groupuscule vaguement anarchisant il fait à la fois le coup de poing contre les patrons et les militants socialistes et communistes. Son action, dans un japon militarisé et protofasciste en fait un agent involontaire de la répression. Il dérive progressivement vers le gangstérisme manipulé en sous main par des factions de l’extrême droite nationaliste. Il terminera sa vie dans l’enfer du colonialisme japonais en Chine où il abdiquera sa conscience et son humanité pour endosser l’habit du tortionnaire de bas étage dans une scène finale digne de celle des 11 000 verges de Guillaume Apollinaire. Ce voyage au bout de la nuit japonaise vaut aussi par l’enchevêtrement d’un destin singulier aux prises avec une évolution de la société qui ne laisse que peu d’espoir. Le héros, issu des classes populaires, est empli d’une énergie vitale qui le conduit à refuser sa condition sociale. Comme tout un chacun il aspire à vivre dignement et à aimer. Mais à chaque fois qu’une parcelle de bonheur pourrait lui tendre la main c’est pour mieux lui échapper et le tirer inexorablement vers la pente descendante de l’infamie. Ce chef d’œuvre du roman noir ne peut laisser son lecteur indifférent. Et l’on en viendrait presque à aimer cette fleur du mal dont on se dit qu’elle aurait pu être belle et non vénéneuse pour peu qu’elle ait pu pousser dans une autre terre que celle de ce Japon dominé par sa volonté de puissance. Haut le Cœur raconte l’impossible quête d’amour, d’amitié, de paix, bref, d’humanité qui est en chacun de nous.

 

 

 

GB 84 de David Peace, éditions Rivages

 

 

 

En ces temps de remise en cause du droit de grève dans les transports publics je vous recommande chaudement la lecture du livre de David Peace « GB 84 ». Le livre traite de la grande grève des mineurs brisé par Thatcher d’un triple point de vue : la direction du syndicat des mineurs, un conseiller occulte de Margaret Thatcher et un mineur de base. Roman haletant, sans temps mort, il nous fait vivre l’ascension puis la chute des grévistes et de leur syndicat battu par un gouvernement qui a su coaliser toutes les fonctions de répression que l’appareil d’Etat mettait à se disposition pour étouffer des mineurs de plus en plus isolés et abandonnés par les autres syndicats anglais. Cette grève aurait pu réussir si la solidarité de l’ensemble du monde ouvrier s’était manifestée par exemple si les dockers avaient bloqué les ports où le charbon étranger était acheminé et si les syndicats des transports avaient refusé d’acheminer ce charbon « jaune ». Mais elle a échoué parce que la direction des Trade Union et le parti Travailliste avaient capitulé devant Thatcher. L’échec de cette grève marquera le début de la grande offensive libérale qui se poursuit encore actuellement outre-manche. Sans romantisme, ni mièvrerie, l’auteur décrit méticuleusement cette lutte de classes. On lit GB 84 comme un grand roman noir, un grand roman d’espionnage et un grand roman tout court. Sueurs, larmes, défaites, désillusions on est loin du « Coup de foudre à Notting Hill » ou de « Love actually » et de tous ces films anglais bien pensants qui nous racontent l’histoire d’une société anglaise ouverte, mondialisée, jeune et branchée. Ici les seuls coups qui pleuvent sont ceux des matraques des policiers anglais sur le crâne des mineurs anglais. Ici on est plutôt The Clash que Spice Girls. GB 84 est un cocktail composé d’une dose de 1984 et de trois doses de Germinal avec une pointe d’humour anglais. Au shaker, pas à la cuillère comme aurait dit 007.

 

 

Publié dans J'ai lu...

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