Mon intervention au Conseil national du PS du 12 mai 2007
Trois minutes seront largement suffisantes puisque nous n’ouvrons pas aujourd’hui la question des raisons de la défaite, mais quand même, parce que c’est un problème qu’on va avoir dans ces élections législatives, quand on regarde quand même le socle sociologique que nous avons réuni dans cette élection présidentielle au second tour, tout à l’heure on parlait de tâche bleue ou de je ne sais pas quoi, mais il nous a quand même manqué une partie substantielle des ouvriers et des employés de la France industrielle qui, en grande partie, avaient voté non et qui ont préféré voter pour une droite bonapartiste que voter pour une gauche généreuse, et donc c’est une question qui nous interroge puisque, une fois passées les élections législatives, le débat sera : comment les reconquérir ?
Sinon, nous serons durablement minoritaires. Je ne crois pas que l’alliance des jeunes des cités et l’alliance des salariés inclus des grandes villes suffira à nous faire revenir au pouvoir. D’ailleurs, c’est le problème qu’a la gauche américaine depuis des années et la réponse qu’elle a donnée doit nous faire réfléchir car la gauche américaine, depuis des années, essaie de reconquérir ce socle électoral en allant courir derrière les républicains sur les valeurs des républicains. Et vous verrez que la gauche américaine est toujours plus patriote que les républicains américains, qu’elle est toujours plus nationaliste que les républicains américains, mais elle ne gagne pas. La seule fois où Clinton est revenu au pouvoir, c’est après la première guerre du Golfe. Les conditions de leur retour au pouvoir ont été très circonstancielles.
Donc c’est une question qu’on doit avoir parce que moi je sens poindre le débat qui est un débat important, qui est : aujourd’hui, comment allons-nous pouvoir répondre à la droite ? Et je pense qu’il y a une réflexion que nous devons avoir car c’est la question qui fonde l’identité de la gauche, c’est toujours à partir du moment où on évacue les faux débats entre réforme et révolution, acceptation ou non de l’économie de marché, c’est la question de savoir si, oui ou non nous sommes capables, en analysant le monde tel qu’il est aujourd’hui, de construire un modèle pérenne de régulation et de redistribution. Si nous allons sur d’autres champs que celui-là, alors je pense que la gauche sera durablement dans l’opposition et malheureusement celles et ceux qui ont besoin de la gauche au pouvoir.