NON !

Ayons l’honnêteté de le reconnaître, la gauche a réalisé un très mauvais premier tour de l’élection présidentielle. Alors que traditionnellement la hausse de la participation électorale profite à la gauche, c’est Nicolas Sarkozy qui en a la plus profité réussissant à accroître de plus de 8 points le socle théorique sur lequel il s’appuyait (Chirac + Boutin) quand Ségolène Royal ne déborde qu’à peine le sien (Jospin + Chevènement + Taubira). Le second tour s’annonce comme extrêmement difficile. A droite le potentiel électoral de Nicolas Sarkozy est de 16,5 millions de voix (Sarkozy + Le Pen + de Villiers + Nihous) quand celui de Ségolène Royal à gauche est de 13,5 millions de voix (Royal + Besancenot + Buffet + Bové + Voynet + Laguiller + Schivardi). La droite a une avance théorique de 3 millions de voix. Hors, la gauche ne dispose pas de réserves de voix puisque la participation a atteint le niveau record de 85% des voix. Les seules réserves sont contenues dans les 6,8 millions de voix de Bayrou. Pour gagner, il faut que 70 à 75% des électeurs de François Bayrou se reportent sur Ségolène Royal au second tour. Ce n’est pas gagné loin de là ! Mais ce n’est pas perdu non plus. Rien ne serait plus mortifère pour la gauche que d’anticiper une défaite qui n’est pas encore au rendez-vous. L’heure des bilans viendra après le 6 mai. A cette étape toute notre énergie doit être tendue vers le seul objectif souhaitable : la mobilisation maximum derrière Ségolène Royal. Car, une élection ne se gagne pas sur une addition théorique mais sur une capacité à créer une dynamique. Pour l’instant Nicolas Sarkozy y est plus parvenu que Ségolène Royal mais une nouvelle campagne commence pour le second tour. Tout se jouera sur la capacité de rassemblement. La seule bonne nouvelle nous est venue du désistement spontané et sans conditions de tous les candidats de gauche : Besancenot, Buffet, Voynet et Bové ont appelé à battre Nicolas Sarkozy. Sarkozy lui n’a pour l’instant enregistré aucun soutien de de Villiers et de Le Pen. Ségolène Royal doit donner un contenu à ce nouveau rassemblement de la gauche. C’est en étant offensif sur les salaires, la défense des services publics, la lutte contre le chômage et les délocalisations, la lutte contre le capitalisme financier et l’Europe libérale que Ségolène Royal transformera cette nouvelle union en nouvelle dynamique. Reste l’électorat de François Bayrou. Celui-ci est composite mais ne s’est pas reconnu dans la France que souhaitait incarner Nicolas Sarkozy. Nous nous retrouvons sur la nécessité de changer de République, de restaurer un Etat impartial, de promouvoir une presse libre, de bâtir une France fraternelle. Nicolas Sarkozy est le candidat du pouvoir chiraquien sortant, le candidat des lobbys financiers et médiatiques, le candidat du tout sécuritaire. Le 6 mai, il doit être le candidat sorti. Le 6 mai, pas une voix de gauche et de progrès ne doit manquer à Ségolène Royal.